Le site de Stellmoor, près de Harnbourg,
a livré la preuve la plus ancienne au monde de l'existence de l'arc
et de la flèche, avec la découverte de flèches en bois de pin. A la
fin de la dernière période glaciaire, vers l0'000 av J-C, les chasseurs
de rennes qui parcouraient la toundra d'Europe septentrionale fabriquaient
des hampes de flèches absolument parfaites sur le plan technique. En
bois de pin refendu, elles étaient munies d'une partie distale amovible
qui assurait un échange simple et rapide.
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Les encoches observées à une extrémité des flèches apportent
la preuve qu'elles étaient tirées à l'arc, puisque c'est là que venait
se placer la corde. Les arcs eux-mêmes n'ont malheureusement pas été
mis à jour. Deux fragments éventuels, en bois de pin et provenant également
de Stellmoor, ont été détruits en même temps que les hampes de flèche
au cours de la Seconde Guerre mondiale. C'est d'un sous-sol gorgé d'eau
depuis la préhistoire que proviennent ces trouvailles : un petit lac
s'était formé dans une dépression, alimenté en eau par une langue glaciaire
qui resta en place après le retrait des glaciers. Les troupeaux de rennes,
obligés de suivre ici l'étroite vallée, étaient une proie facile : on
découvrit les ossements de plus de mille animaux.
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fig.13:Pointes de flèche en os fichée
dans une vertèbre de loup, découverte à Stellmoore.
D'après Rust 1943
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A de nombreuses reprises, on put observer des fragments
de pointes de flèches en silex encore fichés dans les os. Des milliers
de flèches firent sans doute tirées lors de ces véritables massacres.
L'archéologue allemand Alfred Rust en mit au jour plus d'une centaine
dans les années trente. Les flèches étaient formées d'une hampe principale,
longue de 70 cm environ empennage compris, et d'une hampe amovible de
15 à 20 cm. La pointe de pierre venait se fixer sur
cette dernière.

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Fig.
14: Hampes amovible en bois de pin, certaine avec pointe de silex encore
en place, preovenant de Stellmoor, Allemagne.- D'aprés Rust 1943
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Certaines hampes étaient
simplement taillées en pointe, mais elles servaient bel et bien aussi
à la chasse, comme le montre l'os d'un jeune loup traversé par une pointe
de bois encore conservée. Si une pointe était endommagée il était facile
d'échanger la hampe amovible contre une nouvelle. Mais le chasseur devait
absolument entourer le tout d'un tendon animal, travail qui requiert
un grand soin, afin d'éviter que la flèche ne se fende au prochain tir.
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Fig.11: Flèche en bois
de pin entièrement conservé de stellmoor, Allemagne, datant de la fin de
la dernière glaciation, encore munie de sa hampe amovible. A
côté,le couteau de poche de l'auteur.-D'aprés Rust
1943
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