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Fig. 19:If (Taxus baccata)

Extrait du livre Arc et Flèche, fabrication et utilisation au néolithique.
Avec l'autorisation de l'éditeur.
Auteur, Jürgen Junkmanns.

webmaster@pfeil-bogen.de

Editions Musée SCHWAB,Bienne.
http://www.biel-bienne.ch/

Contact: madeleine.betschart

 

À partir de 4500 av. J.-C., on n'a plus utilisé en Europe centrale et de l'ouest que du bois d'if (Taxus baccata) pour réaliser les arcs. En raison des mauvaises conditions climatiques de la dernière période glaciaire, ce n'est que dans des régions reculées, par exemple dans des vallées protégées, que l'on trouvait des peuplements forestiers conséquents. A la fin de l'ère glaciaire, vers l0 000 av. J.-C., les arbres se sont à nouveau répandus, mais l'if qui croît lentement, a mis beaucoup plus de temps que les autres espèces. Aujourd'hui encore, l' if est considéré comme le meilleur bois pour faire des arcs et c'est dans ce bois que les constructeurs d'arcs traditionnels réalisent les pièces les meilleures et les plus recherchées. Le bois d'if se compose de deux couches de couleur différente: la partie extérieure est jaune clair, le cœur brun-rouge. L'aubier est souple et élastique, tandis que le cœur est plus dur et plus cassant, ce qui a des conséquences importantes pour la confection d'un arc: un arc en if doit en effet avoir sur sa partie avant une couche d'aubier, afin d'éviter la cassure; le cœur du bois utilisé pour l'intérieur garantit quant à lui de hautes performances. Ce n'est qu'en associant les propriétés spécifiques des deux parties composant le bois d'if que l'on obtient des performances supérieures. Cette règle était déjà prise en compte au Néolithique: sur de nombreux arcs en if mis au jour, on peut attester l'utilisation des deux types de bois, détectables par leur couleur ou par des caractéristiques de séchage particulières.

En ce qui concerne leur mode de fabrication, les arcs du néolithique sont semblables à ceux du Mésolithique. La meilleure qualité du matériau permet toutefois de réaliser des arcs beaucoup plus minces. Dans les grandes lignes, on peut dire qu'il existait deux types d'arcs pendant la période néolithique: un type droit, en forme de baguette, et un type arqué, dont la forme va de la pale à la pagaye. Même s'il est possible que les deux types aient été utilisés conjointement, les comparaisons ethnographiques tendent à montrer que, dans un laps de temps restreint, dans des zones géographiques limitées possédant une culture homogène, on utilisait plutôt un seul type simultanément. Pour l'heure, nous disposons toutefois d'un éventail d'arcs bien trop restreint et trop mal daté pour pouvoir affirmer de façon plausible quand et où tel type d'arc était utilisé

Fig. 22: Arc complets appartenant à deux villages voisin de la culture de Pfyn.
1)Thayngen (SH), vers 3800-3600 av. J.-C. 2)Niederwil(TG), 3660-3585 av. J.-C.

 

 

Ces deux grands groupes d'arcs présentent une multitude de détails différents. Les différentes formes d'attaches de cordes et de poignées peuvent être considérées comme des variantes plutôt esthétiques, tandis que les variations dans la section des branches de l'arc ont plus probablement une explication technique. La corde pouvait être fixée par une simple encoche, un bouton plus ou moins luxueux ou des extrémités en forme de bouton ou de cuiller. Les poignées ont aussi été réalisées de façons très diverses. Parfois, elles n'existent pas en tant que telles, la zone de préhension étant simplement le centre de l'arc. Sur certains arcs, elles se présentent sous la forme d'un rétrécissement latéral, sur d'autres d'un renflement médian. Une autre variante consiste en une zone de préhension rétrécie et épaissie en forme de bouton sur la face interne. Les revêtements de poignées ainsi que les poignées en cuir ne faisaient pas partie des usages.

 

 

Fig.-21: Exemples de deux types d'arc droit et en forme de pale.
1) Bodman, Allemagne, longueur 1m50, non daté.- Rosgarten-museum,Constance.
2) Onstwedde, Pays-Bas, longueur 1m72.- Vers 2600-2400 av. J.-C.- Provinciaal Museum,Assen.

 

La section des branches de l'arc est plus ou moins semi-circulaire. La face avant, bombée, correspond à l'extérieur de l'arc, tandis que la face interne est soit plane, soit concave. L'utilité de ménager une telle gorge à l'intérieur de la branche nous échappe aujourd'hui. Au contraire d'une face plane, elle diminue sensiblement ta résistance à la tension et diminue objectivement la qualité de l'arc. Peut-être cet affaiblissement délibéré était-il destiné à diminuer la tension sur la face externe pour atténuer le risque de fracture. Il faut attendre le Néolithique récent pour qu'une amélioration technique soit apportée à l'arc, dont la section est modifiée: en laissant une mince face plane sur l'extérieur, la résistance à la tension est sensiblement améliorée, ce qui diminue les risques de brisure. En dépit de cette découverte, nombre d'arcs ont encore été fabriqués avec une gorge sur la face interne. Tandis que les notions utilisées en archéologie s'appliquent à des civilisations ayant duré plusieurs siècles, les arcs subissent des modi-fications dans des laps de temps beaucoup plus courts. Un exemple du nord de ta Suisse témoigne de cette rapidité de transformations. C'est ainsi que t'on trouve des arcs de types différents dans deux villages de la culture de Pfyn séparés d'à peine 24 km, Thayngen (511) et Niederwil (TO). Tandis que l'arc de Thayngen présente clairement des extrémités effilées avec de petits boutons d'accrochage pour la corde, ainsi qu'une surface intérieure plane, les arcs de Niederwil, plus récents d'à peine 200 ans, sont des arcs droits, avec des extrémités inhabituellement grandes, en forme de cuiller et d'une section concave avec une profonde gorge interne. Les plus anciens arcs de la civilisation de Cortaillod (env. 4100 - 3600 av. J.-C.) sont droits, avec une section semi-circulaire.

 

 

 

Fig. 23:
1) Pointe de flèche en silex avec brai de bouleau, provenant de Taüffelen (BE).- Néolithique.- D'après Müller-Beck 1965.
2) Manchon en bois de cervidé pour flèche à extrémité arrondie découvert à Arbon (T~.- Vers. 3370 av J.-C.- E. 1:1.- Cliché: Amt für Archäologie, canton de Thurgovie.
3) Reconstitution d'une pointe de flèche néolithique à extrémité arrondie.
4) Reconstitution d'une lèche avec pointe de silex triangulaire, inspirée des exemplaires découverts auprès d',"Otzi", l'homme des glaces.

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