Retrouver les gestes des constructeurs
d'arcs néolithiques.
Pour donner sa forme à l'ébauche, nous disposons de deux petites herminettes,
la première munie d'une lame en os de bovidé, et la seconde d'une lame
en bois de cerf. Nous tentons de reproduire les traces observées sur
les ébauches néolithiques, qui proviennent à coup sûr d'outils au tranchant
bien marqué. Une lame de hache en os peut être davantage affûtée que
celle d'une hache en pierre, qui s'effritera facilement. Nous optons
pour ce type d'outil en raison de la faible dureté du bois vert et nous
nous attachons à donner sa forme à l'arc (images 5 à 11). Bien que les
deux lames soient très tranchantes au début des travaux, quelques coups
suffisent à les émousser nettement, bien que le bois soit tendre. Nous
en déduisons que ce type d'outil ne convient pas à la fabrication des
arcs. Afin d'exclure le fait que ce dommage ne résulte de notre manque
d'expérience, nous poursuivons notre travail à la hache en os, à un
rythme extrêmement lent, aiguisant le tranchant très souvent. Après
deux heures de travail, l'arrondi de la face externe est achevé. Bien
que nous aiguisions constamment les haches, la coupe du bois s'avère
impossible, ce qui nous oblige à effectuer un mouvement de raclage particulièrement
astreignant. Les négatifs laissés par nos outils ne correspondent en
rien à ceux observés sur les ébauches originales, puisqu'ils sont plus
proches d'un traitement à la paille de fer qu'à des coups nets (images
12 à 13). Étant donné que nous ne disposons pas sur place de haches
de pierre adéquates, nous terminons la mise en forme de l'ébauche avec
une herminette moderne à lame d'acier, qui produit enfin des traces
identiques à celles observées sur les pièces néolithiques. Avant de
poursuivre notre travail, nous devons laisser sécher l'ébauche (image
15). Cinq heures ont été nécessaires à sa fabrication.