L'argile

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Choix de l'argile

Définition :

L'argile est le produit de la décomposition de roche riche en feldspathe comme le granit par exemple. Pendant des millions d'années l'eau a participé à la dégradation chimique de la roche mère. L'argile a pu se constituer à l'emplacement même de la roche mère dans ce cas, elle est dite primaire avec une couleur plutôt blanche et des propriétés réfractaires (point de fusion élevé). L'argile issue de la sédimentation après avoir été transportée loin de son lieu d'origine est dite secondaire, elle est plus fine et renferme souvent des minéraux (fer,manganèse...) ou autre matière organique qui en change la couleur, elle est brune, rouge ...
Ses composants sont l'oxyde d'alumine (environ 40 %), l'oxyde de silice (environ 46%) et l'eau (environ 14 %).

Propriétés :

Sa structure faite de feuillets, confère à l'argile une propriété particulière qui est la plasticité. C'est l'eau qui permet à ces feuillets de glisser les uns sur les autres, si elle est en excès l'argile est alors trop visqueuse, elle colle et n'est plus malléable, si il n'y a pas assez d'eau, l'argile se rétracte et devient dure. La plasticité et le retrait sont variables selon le type d'argile. La préparation de l'argile consistera à gérer ses deux paramètres pour obtenir une pâte adaptée aux besoins du potier.


Les types d'argiles:

           
Nom origine température de fusion plasticité utilisation couleur
kaolin argile primaire 1800°C mauvaise : utilisation liquide en mélange dans les pâtes à faïence blanche
ball clay argile secondaire 1300°C très bonne améliore la plasticité des pâtes grise
terre à faïence argile primaire 900-1050°C   pâte à faïence reste blanche après cuisson blanche
Argile réfractaire  argile primaire 1600-1750°C moyenne : riche en kaolin elle doit être chamottée avant utilisation du crème au gris
terre à grès agile secondaire 1250-1300°C  bonne  vitrification à la cuisson gris à brun
           
           

La quête :

Il serait facile d'aller se procurer quelques pains d'argile au magasin de bricolage. Peut-être serez-vous amené à la faire, mais je vous propose pour retrouver les gestes de nos ancêtres de suivre leurs pas à la recherche de l'argile. Votre satisfaction en sera bien plus grande.

Les zones de collectes peuvent être variées. Lors de travaux routiers, il est fréquent que de grandes zones arables soient mises à nues. Il est facile, en prenant quelques précautions, de reconnaître ses zones et éventuellement collecter de l'argile. Le curage des fossés d'accotements peuvent fournir de précieuses indications quant au terrain local. Les bords de rivière et de fleuve peuvent fournir de belles argiles. La collecte est avant tout histoire de prospection et d'opportunisme.


 

Préparation de l'argile :
 

 

Certaines argiles ne nécessitent aucune préparation pour un montage au colombin. Elles sont en effet suffisamment plastiques et suffisamment dégraissées pour être utilisées en l'état. Il arrive cependant qu'un "nettoyage" soit nécessaire quand l'argile enferme des cailloux et autres déchets naturels. Pour séparer ces éléments de l'argile, il faut après récolte, plonger l'argile dans une bassine (poubelle) remplie d'eau et avec un bâton remuer le tout. Laisser passer quelques jours en remuant de temps à autre, parfois si l'argile est trop plastique, elle peut en être étanche à l'eau ce qui rend l'opération plus longue. Quand l'argile est totalement "diluée" laisser reposer quelques jours pour que la sédimentation s'opère. En siphonnant l'eau de la cuvette, vous pourrez récupérer dans la cuvette l'argile fine en surface, et dans le fond les graviers et autres cailloux.

Selon l'eau qui reste à ce moment dans l'argile, elle sera déjà plus ou moins collante, une argile trop humide ne peut pas être travaillée, il faut donc la faire ressuyer. Il sera sans doute plus pratique de séparer l'argile en différents pains de quelques kg (2 - 3 kg) plutôt que de travailler 20 kg d'un coup ! Les pains seront placés dans des sacs étanches (type sac poubelle), ceux-ci seront maintenus ouverts dans un premier temps pour laisser le ressuyage se réaliser. Il pourra être nécessaire de malaxer l'argile pour éviter un dessèchement au pourtour. C'est à ce stade qu'il est le plus facile d'introduire un dégraissant (sable) ou de la chamotte (terre cuite pilée). Mais à ce stade, si vous ne connaissez pas votre argile, vous ne savez pas les quantités de sable nécessaires pour dégraisser, ni la sensibilité au retrait et donc les besoins du chamottage.

Le dégraissant a pour rôle de rendre l'argile moins collante, en ajoutant du sable siliceux ou améliore la texture de la pâte si la poterie que l'on veut faire est fine, le dégraissant ne devra pas être trop grossier, il pourrait être nécessaire de tamiser le sable ou d'utiliser un sable fin (style sable pour sablage au pistolet).

Il faudra au préalable avoir une pâte suffisamment sèche pour ajouter du sable jusqu'à ce que vos doigts puissent malaxer le tout sans coller (l'ajout de chamotte ne sera peut-être pas nécessaire, c'est pourquoi il faudra faire quelques essais de réalisations pour mieux connaître votre pâte). Si votre argile est plutôt riche en élément réfractaire (kaolin), le chamottage ne sera peut-être pas utile.

Retrouvons votre pain d'argile dans son sac ouvert en train de ressuyer à l'ombre. Après quelques heures ou quelques jours, selon la température et l'hydrométrie, votre pâte aura la consistance d'un beurre frais, vous pourrez rajouter le sable et bien malaxer. Votre pâte sera prête quand vos doigts pourront y entrer et ressortir sans coller. Vous pourrez alors fermer le sac pour maintenir votre pâte en l'état et l'utiliser ultérieurement.

Les essais nécessaires pour connaître votre pâte

Parfois une approche empirique ne permet pas d'avoir de bons résultats, il est alors nécessaire de pratiquer des essais systématiques et quantifiés pour connaître son argile. Voilà comment je pratique : - à partir d'une argile brute, je fais 15 boulettes de 60 g., ce qui me permettra de faire 15 petites poteries.

 

Ex. A1 : - pâte brute. A2 : - sable 5 g. - chamotte 5 g.

1
2
3
4
5
A
s0c0
s5 c5
s10 c5
s15 c5
s20 c5
B
s5c0
s5 c10
s10 c10
s15 c10
s20 c10
C
s0c5
s5 c15
s10 c15
s15 c15
s20 c15

cela permet d'avoir une gamme suffisamment large pour avoir une bonne idée de l'argile, tant sur sa malléabilité et comportement à la fabrication et ultérieurement comportement à la cuisson et résistance au choc thermique. La réalisation des petites poteries d'essai sera réalisée rapidement par enfoncement du pouce au centre de la boulette et affinement par pression entre le pouce et l'index, ce qui n'est pas si simple quand on manque d'expérience, mais c'est très formateur !

 

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