LIGATURE D’UN EMPENNAGE EN SPIRALE

Par Christian LEPERS

C’est une technique que j’affectionne, car elle permet de réaliser avec un peu d’habitude de beaux empennages sans autre outillage qu’un long fil, et un peu de colle étalée au pinceau. Cette technique convient bien avec les colles naturelles à prise lente (comme la colle d’os ou de peau). Comme elle ne demande aucun matériel spécial, je pense qu’elle est très proche des techniques ancestrales. Seul inconvénient de la méthode elle demande un peu de dextérité et d’habitude.

! Il est nécessaire de bien maîtriser les techniques de ligatures, et à certains moments on aimerait disposer de quatre mains (mais deux suffisent). Il vaut mieux s’entraîneravec de vieilles plumes et des fûts usagés avant de vous attaquer à de belles flèches.

Voici les deux types de surliures utilisés :

Pour fixer l’empennage, on inverse le processus classique défini dans la littérature. On réalise d’abord la ligature et ensuite le collage, pour que la travail soit beau il faut utiliser un fil assez fin :

Sur chaque plume, on peut ménager à l’avant et à l’arrière une courte longueur de rachis dont on a enlevé les barbes (2 ou 3mm) mais ce n’est pas indispensable. Pour la facilité on repère l’emplacement qu’occupera sur le fût l’avant de l’empennage, avant d’amorcer une ligature. Le fil de ligature doit avoir une longueur d’environ 2 m (pour des empennages de 12 cm). Illustration 1 de la figure 2.

On commence par fixer l’extrémité distale des plumes (coté pointe) avec l’extrémité du fil (40 cm suffisent) en partant de l’extrémité des barbes vers la pointe (surliure type A voir fig. 1). Illustration 2 de la figure 2.

Fig. 2 la surliure inférieure de l’empennage

Après avoir amorcé la ligature, on pose la première plume que l’on maintient par un tour de fil sur le fût. Au tour suivant la seconde plume sera placée et maintenue elle aussi par un tour de fil. Un troisième tour tiendra la dernière. On termine le recouvrement du rachis des trois plumes en réalisant une série de tours de fil jointifs. La ligature sera bloquée en enfilant l’extrémité du fil dans la boucle de départ. En tirant sur l’autre extrémité du fil on le fera rentrer sous la surliure. Illustrations 3 et 4 de la figure 2.

Attention que cette ligature doit bien recouvrir l’extrémité des plumes pour ne pas occasionner de blessures à la main d’arc lors des tirs.


On vérifie ensuite la bonne position de chacune des plumes. Il est possible de corriger leur position et leur orientation. L’avant des trois pennes étant ainsi bien fixé, et on peut s’attaquer à la suite de l’empennage. Illustration 5 de la figure 3

Fig. 3 La fin de l ‘empennage (ligature en spirale et surliure finale).

Avec l’autre extrémité du fil (la plus longue) on ligature les empennages en une spirale régulière depuis la base des plumes, vers l’encoche. A chaque passage, le fil sera espacé de 0.5 à 1 cm du précèdent. Pour insérer le fil entre les barbes, il suffit de l’appliquer sur le dessus de la penne et de le glisser entre deux barbes. Si l’insertion se fait soigneusement, et si le fil n’est pas trop épais, les barbes se referment d’elles même après son passage. Avec un peu d’habitude c’est très facile. Illustration 6 de la figure 3.

On termine la ligature en réalisant une série de tours jointifs et serrés à l’extrémité proximale des plumes. L’extrémité du fil sera noyée dans les derniers tours comme pour la ligature B (voir fig. 1). Illustration 7 de la figure 3.

On corrigera ensuite les petites irrégularités d’orientation ou de position de chaque empenne.
L’excédent de fil dépassant à chaque extrémité de l’empennage sera coupé avec une lame ou des ciseaux très tranchants à ras des ligatures.
On peut déposer une fine couche de colle entre le rachis des plumes et le fût (colle d’os, de peau, ou tout autre colle liquide à prise lente ou rapide) à l’aide d’un pinceau fin. C’est conseillé, mais pas indispensable si votre ligature est bien serrée.


Remarques sur les empennages

Vos empennages doivent être bien fixés sur le fût. Du fait de leur rôle dans le vol de la flèche, et de leur surface il subissent des efforts importants. Un empennage n’est pas éternel et de temps en temps il faut en changer. S’il n’est pas possible de le défaire du fût, on est alors contraint de se débarrasser de l’entièreté de la flèche ce qui est dommage quand on pense au temps investi dans sa confection.

NB. Il est particulièrement important que l’avant de l’empennage soit bien fixé. Lors du tir, on peut se faire de douloureuses blessures à la main d’arc, si le rachis d’une des trois pennes n’est pas suffisamment solidaire du fût. Il n’est donc pas superflu de renforcer l’avant de l’empennage par un point de colle supplémentaire ou en le recouvrant d’une ligature (fil ou tendon).
 
Pour détacher un empennage du fût on utilise une lame très coupante (genre lame de cutter ou de scalpel). Attention toutefois que cette méthode très facile avec des flèches en aluminium est plus délicate sur une hampe en bois. Pour les empennages réalisés par ligature et collage (§ 9.6.5.3.) si l’on a pris la peine d’utiliser une colle d’origine animale, on peut la dissoudre en trempant l’empennage pendant 10 à 15 minutes dans de l’eau tiède. Il est ensuite facile d’éliminer fil et plumes. Il faudra attendre que le fût soit bien sec avant d’y placer un nouvel empennage. Les empennages fixé par ligatures seules seront encore plus facile à démonter car il suffit de couper un ou deux fils puis de défaire la ligature.